Visite de la Pépinière par l'association Palmeraie-Union (2/2)

Nous partageons ici les deux articles rédigés par des membres de l’association Palmeraie-Union, suite à leur visite de la Pépinière en Février 2021. Ce second article est écrit par Olivier Coton.

Ciel bleu, matinée ensoleillée, douce chaleur tropicale, larges palmes protectrices partout où les yeux se posent, agréable quiétude des lieux.... Cette dernière journée de février s’annonce vraiment sous les meilleurs auspices, et la vingtaine de participants inscrits à la visite de la Pépinière de la Chapelle, située à l’Étang-Salé, route du Maniron, vont assurément passer un bon moment dans ce si bel endroit.

Accueillis à leur arrivée par d’attentionnés Maitres des lieux, Corinne et Daniel ABMONT, tous se regroupent près d’un buffet pour une petite collation gourmande, incontournable prélude de convivialité à Palmeraie-Union pour des retrouvailles ou même pour faire connaissance avec les nouveaux adhérents.

Inflorescence de Syagrus amara

Au bout d’une trentaine de minutes Corinne interpelle l’assemblée pour quelques instants d’attention afin de retracer dans les grandes lignes l’histoire de la pépinière. Celle-ci a été créée il y a environ 25 ans par Christine MARTZ, originaire d’Alsace et qui s’est lancée dans l’aventure de la production de palmiers, épaulée par Bernard son compagnon, alors directeur d’école. La pépinière s’est développée et s’est construit au fil du temps une belle réputation du fait de sa spécialisation, et nombreux sont les amoureux des palmiers qui ont pu y trouver leur bonheur, toujours accueillis avec gentillesse par Christine et Bernard qui ne manquaient jamais de prodiguer d’utiles conseils de soins et de plantation.

Stipe de palmier

Il y a quelques années, le couple a souhaité passer la main et un concours de circonstances a fait se rencontrer Bernard et la famille ABMONT dont les enfants étaient inscrits à l’école primaire dirigée par Bernard. Des liens d’amitié se sont noués et Daniel, alors cadre commercial dans une société, apprend que la pépinière est à vendre. L’opportunité est trop belle et Daniel, las de son activité professionnelle stressante, décide après réflexion de relever le défi d’une reconversion bien particulière, connaissant peu le monde des palmiers mais attiré par une occupation en lien avec la nature. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, Daniel s’est beaucoup impliqué et il est devenu un peu au fil de ces douze années « Maître es palmiers ». Corinne l’a rejoint à plein temps il y a deux années à la pépinière pour partager avec lui une passion commune pour ces végétaux si beaux et variés.

Pour démarrer la visite, deux groupes sont formés, l’un pour participer à un atelier d’apprentissage autour des graines de palmier, l’autre pour parcourir le site et pénétrer dans la grande ombrière abritant la plupart des petits palmiers prêts à être commercialisés. Chaque groupe alternera au bout d’une petite heure.

Côté atelier, Daniel aidé de Guillaume, salarié de la pépinière, a préparé un grand plateau métallique autour duquel s’installe la dizaine de curieux souhaitant en savoir plus sur semis de graines et empotage (repiquage). Au centre du plateau a été répandu un substrat que Daniel décrit comme contenant de la tourbe (de type TKS 1), de la terre, du sable, des scories et de la perlite, un sable siliceux contenant de l’eau. La répartition des cinq éléments n’est pas égale, la quantité de perlite étant moindre.

Jean-Claude, debout contre le plateau, se montre quelque peu impatient de tout savoir tel un premier de la classe, posant questions sur questions. Des explications sont ainsi données.

Fruits de Ptychosperma macarthurii

La première étape qui suit la récupération des fruits de palmiers, sur le sujet ou à son pied, consiste à tremper ces fruits dans un bac d’eau afin de pouvoir retirer plus facilement, au bout de quelques jours ou semaines, l’endocarpe qui entoure les graines. Les graines, une fois nettoyées, peuvent rester plusieurs semaines, mois, voire années dans certains cas dans un endroit sec sans démarrer la germination.

La deuxième étape, la germination, est expliquée par Daniel sous forme de différents exemples qu’il présente à un auditoire attentif. Un petit bac déposé sur le plateau est rempli de plusieurs centaines de graines germées de Ptychosperma macarthurii, en un dense tapis où des petites racines de 4 à 5 cm de longueur s’entremêlent sur un lit de sphaigne. Autre exemple dans un petit sachet transparent fermé, à l’intérieur duquel l’humidité présente a suffi à déclencher la germination de graines nues. Dernier exemple avec une poubelle noire fermée qui, couvercle retiré, fait découvrir à l’assistance des centaines de graines germées de Syagrus amara reposant dans de la sphaigne humide, le processus de germination ayant été activé en plaçant la poubelle en plein soleil pour élever la température intérieure. Que tout cela paraît si simple à faire soi-même !

Atelier autour du palmier Palmeraie-Unio

Vient le tour de la troisième étape qui est celle de l’empotage. Pour cela il faut un sachet ou un pot de contenance 1 litre, un mélange idoine, des gaines germées et.... un peu de savoir- faire ! C’est le moment des travaux pratiques proposés à notre belle assemblée. Et à la grande joie des participants, Daniel propose à chacun de repartir avec sa réalisation.

Guillaume explique d’une façon des plus didactiques comment ouvrir et préparer un sachet en plastique et, ce qui semble être à la portée de tout un chacun, va alors se transformer pour Jean-Claude en véritable parcours du combattant, déclenchant l’hilarité de l’assistance. Merci Jean-Claude pour ce très bon moment. Une fois le sachet ouvert, il est rempli pour moitié par le substrat qui est alors bien humidifié, puis viennent la mise en place des plantules (graines germées) et la poursuite du remplissage du sachet, et à nouveau un arrosage modéré jusqu’à voir l’eau couler du fond du sachet.

Dans quelques semaines, voire quelques mois, ce qui n’était qu’une minuscule plantule va au fil du temps devenir un palmier dans sa forme juvénile. Pour certaines espèces Daniel explique que parfois 90% des empotages ne sont pas couronnés de succès et que même les phases ultérieures de rempotage peuvent conduire à la perte de palmiers juvéniles. Dans le meilleur des cas, petit palmier deviendra grand, pour peu qu’on lui apporte de l’attention et les soins nécessaires, et ornera un jour un jardin pour le plus grand plaisir de son propriétaire.

Rhapis multifida Pépinière de la Chapelle

À l’issue de l’atelier d’empotage, le petit groupe rejoint la zone d’exposition de la pépinière, guidé dans les allées par Corinne qui présente quelques-unes des espèces installées. Plus loin, chacun profite d’une pause devant la maison d’habitation que l’on devine plus qu’on ne la voit tant les palmiers y ont été plantés en nombre pour procurer une agréable fraîcheur. Puis direction la grande ombrière pour découvrir la multitude de palmiers mis en vente et faire ses « courses ».

En y pénétrant mon attention est immédiatement captée par deux petits palmiers aux feuilles bleutées très découpées qui s’avèrent être des Chamaerops humilis var. cerifera. Je possède déjà cette espèce méditerranéenne, ayant pu, lors d’un séjour à Marrakech, récupérer quelques graines au jardin Majorelle, la sublime propriété qu’avaient acquis Yves SAINT-LAURENT et Pierre BERGE. Deux visiteuses, Béatrice et Chantal, se montrent très intéressées par les deux petits sujets et je vais alors les taquiner, jouant les troubles fêtes en proposant à Guillaume d’acheter la paire pour deux fois le prix annoncé. Bien sûr je me fais tacler à l’unisson par les deux amies, et finalement renonce aux palmiers, ma légendaire galanterie prenant le dessus.

À l’heure du déjeuner direction la ferme auberge Cœur des Isles sur les hauteurs du Maniron pour partager comme il se doit et dans un beau cadre un dernier moment de convivialité, le maître mot de Palmeraie-Union. Un grand merci à Corinne et Daniel qui nous ont reçus dans leur jardin d’Éden si reposant, et ont permis aux néophytes de mieux connaître les palmiers.

Aiphanes horrida palmier La Réunion

Crédits photos : Clichés 1 Éric BOURDAIS © – 2, 4 et 6 Thierry HUBERT © - 3 et 5 Sophie SAUZADE ©