Visite de la Pépinière par l'association Palmeraie-Union (1/2)

Nous partageons ici les deux articles rédigés par des membres de l’association Palmeraie-Union, suite à leur visite de la Pépinière en Février 2021. Ce premier article est écrit par Anne-Marie Lagarde.

Régine m’amène à la pépinière et je la guide sur des petits chemins que je ne connais pas. Enfin, nous voici sauvées : à une croisée de sentiers une très jolie petite chapelle d’antan nous fait face, un panneau nous indique « Pépinière de la Chapelle ». Nous nous retrouvons dans une large allée face, semble-t-il, à une fraîche oasis plantée de beaux palmiers royaux.

Corinne et Daniel nous accueillent tout en sourires pour un « Bonheur sous les Palmiers» selon leur devise, devise que les oiseaux en chants de fête approuvent à tue-tête en ce dimanche matin, et les tourterelles en graves roucoulades de contrepoint. Olivier COTON, notre président, fait un discours bref mais chaleureux, fidèle à l’esprit de convivialité qui rassemble les adhérents. Nous savourons l’offrande délicieuse des maîtres de maison avant de choisir l’une des deux équipes prévues tour à tour pour visite avec Corinne et atelier de rempotage avec Daniel.

Corinne présente d’abord l’historique de l’exploitation. Vous le trouverez bien expliqué dans l’article d’Olivier. Elle et son époux sont propriétaires depuis 11 ans mais la pépinière existe depuis 25 ans. Ils ont acquis en même temps la vieille case, vétuste et inhabitable, cachée dans un écrin de verdure, et l’ont remise en état. Elle est devenue leur coquette demeure depuis 4 ans.

Nous sommes au cœur stratégique de l’exploitation : la zone d’exposition est comprise entre la très belle allée de l’accueil et les bâtiments d’outillages et de réserves. Certains sont d’anciens séchoirs à tabac, ce qui laisse penser qu’ils ont plus de 60 ans. En dépit des difficultés sanitaires de 2020 et jusqu’à maintenant, l’exploitation se porte bien. Sa santé florissante repose sur un label de qualité obtenu il y a quelques années, mais aussi sur la fidélisation de leur clientèle, dont celle en particulier des jardiniers de Palmeraie-Union, avec qui s’échangent des graines, des conseils, des connaissances, et une solide amitié.

Palmeraie-Union visite la Pépinière de la Chapelle

Comment s’est passé le confinement ? Fort bien, puisque jusqu’à présent, Corinne et Daniel n’avaient pas eu le temps de créer le site internet de la Pépinière et cela s’est fait dans les 3 mois de réclusion forcée [pepinieredelachapelle.re]. C’est un site complet et captivant. Vous pouvez vous y abonner ; le blog du mois vous informe des nouveautés, vous donne des leçons et conseils, vous invite à participer à des ateliers. Ce site ne se borne pas à ce qui est présent dans la pépinière, il offre à la connaissance des internautes les 2500 espèces environ de palmiers dans le monde et ses 180 genres.

S’il n’y a pas eu de salons d’organisés cette dernière année, par contre, les clients ont acheté des espèces bien plus grandes du fait qu’ils sont venus les voir sur place. En effet, dans un salon, on ne peut exposer que des sujets bien plus petits. La clientèle s’est élargie aux paysagistes et aménageurs d’espaces publics. De plus, le projet et la projection se construisent bien plus aisément de jardin à jardin que de salon à jardin, puisqu’on voit l’envergure réelle.

Dictyosperma album var conjugatum

Or, nous voici près d’un palmier de l’Île Ronde à Maurice (Dictyosperma album var conjugatum) : j’admire la délicatesse des feuilles dont les pennes sont finement tenues et bordées ensemble par un fil de verdure. Voici une manière pour lui d’avoir réinventé la résille des dames laquelle maintient les mèches rebelles...

Et voisin de ce palmier et du surcroît patriarche de la pépinière voici le baobab bien portant, heureux de nous montrer encore ses fleurs et des fruits tombés à terre. L’espèce de chauve- souris capable de l’aider à la fécondation ne vit pas dans le jardin. Mais il s’est fait à son sacerdoce, prêt à recevoir sur les genoux croisés de ses racines sorties de terre Corinne ou quelque passante, ou en rêve, quelque princesse de son ancien royaume, Madagascar...

Palmier royal Roystonea regia

Corinne explique que les palmiers peuvent être à tronc unique ou multipliant, mais qu’elle et Daniel ont, près de leur maison, préféré marier deux troncs uniques afin d’en faire des couples gracieux qui s’évasent comme se renvoyant l’un à l’autre l’affection qui les a unis. Elle dit aussi que les cocotiers s’hybrident facilement et atteignent des hauteurs prodigieuses de 10 mètres et plus, mais nous fait découvrir un cocotier nain qui ne dépassera pas les 5 mètres. Je vois que ses noix, à hauteur d’homme, ressemblent beaucoup par leur couleur leur forme ovale aux papayes mûres.

la pépinière de la chapelle spécialisée dans les palmiers

Tout est prévu dans le jardin pour créer un micro climat et une vie naturelle saine. Le sol est recouvert de paillage qui ralentit la pousse des mauvaises herbes, économise l’arrosage en maintenant l’humidité. Le broyeur de végétaux est donc écologique et utile. L’air bourdonne d’abeilles, auxiliaires de culture ; on évite au maximum les insecticides. On arrose avec de l’eau agricole. Le système de goutte à goutte est mis en marche plusieurs fois par jour. Les tapis de sol empêchent les plantes prévues à la vente (environ 250 espèces) de s’implanter dans le sol.

Nous atteignons la partie privée de l’île jardin/maison bien protégée par des palmiers qui apportent ombrages abondants et bruissements légers du vent folâtre autour d’une terrasse accueillante avec sa table de mosaïques roses. Ce salon de verdure respire le bonheur.

Reinhardtia simplex palmier

Le palmier Paul et Virginie (pas du tout originaire de notre ancienne île de France, mais des Philippines) côtoie le palmier Queue de renard au tronc lisse à croissance plus rapide. J’apprends que chaque anneau correspond à la chute d’une feuille ou plutôt à son détachement de sa vie de feuille pour devenir par broyage un vivifiant paillage. Nous caressons le jeune palmier nounours, dont le velours brun roux est si doux et si joli juste à la naissance des feuilles. Il est originaire de l’île-mère. Il côtoie le palmier-latanier (bleu) de Bismarck, endémique de Madagascar aussi et qui constitue à lui seul l’espèce du genre Bismarckia appelé aussi latanier blanc. Là, il y a aussi un palmier papyrus très ornemental, et encore un palmier endémique de Nouvelle Calédonie dont la palme nouvelle, rouge, verdit ensuite au soleil, puis enfin un Thrinax, natif des Caraïbes.

Nous quittons la petite sphère familiale ou le choix des palmiers, leur couplage, le soin qui leur est donné, sont à l’image de la tendresse qui unit enfants et parents, de la quiétude de la maisonnée, accueillant la beauté de par le monde et la faisant sienne.

Palmeraie-Union visite la Pépinière de la Chapelle

Nous nous promenons maintenant sous l’ombrière qui d’une part abrite les tout jeunes palmiers d’ombre et d’autre part permet l’acclimatation au soleil de ceux qui viennent de quitter un trop plein de fraîcheur ombragée. Mistigri, tout jeune aussi, tourne autour de nous, se caressant à toutes les herbes et plantes sur son passage. Il a pris mon index pour une souris blanche, y a mordu au prix d’une déception aussitôt oubliée et va quêter d’autres cajoleries de l’un à l’autre.

Je retrouve là Christiane, notre amie que j’ai convaincue de rejoindre l’association Palmeraie-Union et tout heureuse de sa première découverte. Je la laisse rejoindre le groupe qui va déjeuner à la ferme-auberge dans les hauteurs de Maniron, et nous la quittons, Régine et moi, pour regagner nos pénates.

Merci de cette merveilleuse matinée, Corinne et Daniel, et à bientôt les ami/e/s.

Crédits photos : Clichés 1 Éric BOURDAIS © – 2, 4 et 6 Thierry HUBERT © - 3 et 5 Sophie SAUZADE ©